Plusieurs motifs justifient des transferts financiers entre échelons de gouvernement et entre collectivités territoriales.
- Les transferts financiers à but de financement servent au financement des tâches déléguées aux collectivités. Ils visent à dédommager la collectivité locale quand celle-ci est tenue de remplir une fonction pour le compte de l’échelon de niveau supérieur, comme la fourniture d’un service de base sur l’ensemble du territoire conformément aux exigences du gouvernement central. Ces transferts visent également à corriger les déséquilibres verticaux. Cela est particulièrement le cas quand les ressources propres des collectivités publiques décentralisées sont insuffisantes pour que ces dernières soient en mesure de financer les dépenses qui sont de leur compétence.
- Les transferts incitatifs visent à modifier les choix budgétaires des entités qui en bénéficient pour les orienter vers des prestations souhaitées par le niveau de gouvernement qui paie. Ces transferts sont généralement associés à des prestations particulières, que le bénéficiaire devrait fournir selon des niveaux qualitatifs et quantitatifs fixés par le payeur.
- Les transferts peuvent avoir pour objectif de corriger et de compenser les effets externes (de type effets de débordement) liés à la fourniture décentralisée de certaines prestations publiques. Cela est en particulier le cas quand l’aire de consommation des services publics ou le territoire bénéficiaire dépasse les frontières correspondant à l’espace institutionnel qui fournit la prestation ou quand des agents économiques non résidants peuvent bénéficier des services rendus par une collectivité sans en supporter le coût. Les services d’éducation fournis et financés par une région donnée ont par exemple des effets externes positifs sur les autres régions (en particulier si les individus sont mobiles).
- Les transferts financiers ont aussi vocation à corriger les déséquilibres horizontaux entre collectivités publiques décentralisées. Les transferts ont alors un rôle de péréquation des ressources, mais aussi des besoins. Ils visent généralement à « égaliser » (rapprocher de la moyenne) les moyens à la disposition des gouvernements locaux afin que ceux-ci puissent offrir une qualité comparable (et dans une même fourchette de coûts) de services publics sur un territoire considéré. Des ressources supplémentaires sont alors transférées aux collectivités qui ont une base d’imposition potentielle plus faible que la moyenne nationale ou des « besoins » plus élevés que la moyenne nationale (par exemple communes situées en zone de montagne).
- Les transferts financiers de la cinquième catégorie ont une dimension macroéconomique. Il n’est plus question ici de financement général des budgets décentralisés, ni de compensation, d’incitation ou de correction visant à une meilleure allocation des ressources. Les effets visés sont globaux. Dans le premier cas – au moins en théorie – le but est d’encourager une demande globale qui serait insuffisante en cas de mauvaise conjoncture économique. Dans le second cas, l’objectif est de piloter des projets de développement régional.
- Le sixième bloc concerne les politiques redistributives destinées aux personnes. Ce sont, par exemple, les aides sociales individuelles, les bourses d’étude ou les allocations versées pour enfants. Elles ne sont pas prise en compte dans le cadre de ce rapport puisqu’elles ne s’adressent pas aux collectivités locales en tant que telles.